Il y a du vent le matin, je tombe à du 10 kms/h. Les 30 premiers kilomètres vont bien, je fais les 20 suivants dans une camionnette d’hôpital car quand ça monte, je ne peux rien faire avec ce vélo de ville, à pignon et plateau unique, chargé et qui me semble tout fragile, donc peur de le forcer. Nous avons quitté la vallée du Brahmaputra, le relief devient plus capricieux. La route devient ensuite piste et elle s’enfonce dans de petites montagnes. Les gars qui montent des pylônes électriques dans les pentes remplacent ceux qui ramassent le blé dans les plaines.


Quelle ambiance d’être là, je croise parfois des motos ou des camions mais ça circule beaucoup moins dans le coin. Il semble y avoir un col à venir, la piste commence à grimper sérieusement. Apres une toilette dans le torrent, j’essaie d’avoir à manger dans un bled mais les gens sont plutôt inhospitaliers, c’est dingue. Je reste toujours sceptique sur certains locaux, je ne comprends pas tout. Bref, je campe au dessus de la piste et les gars en avaient rien à battre de me voir partir dans le noir avec une pauvre petite lumière bleue et sans savoir ou j’allais pouvoir me caler, car le relief est très en pente.



Lendemain, je confirme : la piste grimpe dans la montagne. Je pousse pendant quelques kilomètres puis attends un camion. Excellent, un chauffeur m’embarque, avec sa femme. Ils sont tibétains et trop gentils, ah cool ! Pain, raisins, lait de yaks, musique tibétaine. Nous arrivons au col, aux alentours des 1800m, au milieu de drapeaux de prière. Et super vue de l’autre coté, et la grosse descente qui m’attend, de la balle.



La pluie arrive quand je commence à descendre, la piste est de temps en temps merdique avec de petites ornières, je kiffe. Je croise des gars à cheval qui vivent dans des tentes dans le coin, avec des troupeaux. Le vélo tient le coup, encaisse la piste, le sac branle à l’arrière, je perds une vis du porte bagage. 20 kms de grosse descente et cela continue plus calme ensuite. Dans la vallée, je retrouve les récoltes des champs et les herbes qui sont stockées sur le toit des maisons. Je suis invité à casser la croute avec un groupe qui est en pose, et c’est cool car j’ai bien la dalle.



Fin de journée, je retombe dans la vallée du Brahmaputra. Le fleuve marron est bien large ici. Agglomération de Gyaca, j’y passe le début de soirée et continue de nuit pour trouver un coin pour dormir. Grosse ambiance avec de nouveau de la pluie, et ma petite lumière. En fait, je ne vois pas grand chose et je devine le fleuve en contrebas, qui gronde, et des montagnes au dessus de moi à droite, genre la piste est à flanc et il n’y a pas beaucoup de place. Galère mais je trouve enfin de quoi poser la tente, sous la flotte, à un petit mètre de la piste.



Jours 2 et 3, 135 kms