Nous allons passer 25 heures avec les gars, ça roule, ça ne dort pas, non-stop. De mon coté, je prends le volant au petit matin, gros délire. On repasse par la route du col après Kalaikhum et nous revoilà dans les montagnes. Cela nous semble plus vert qu'a l'aller. Ambiance de route, bon trip, nous arrivons à la capitale en début de soirée. Patcho, salut Dushanbe : on se pose à un petit resto, le Sirius (jolies serveuses). 2H du mat, on cale la tente dans le parc central.

4 jours de rab, nous partons direct dans les Monts Fans, les montagnes au nord de Dushanbe. Voyage en camion, bus local et Mercedes (remarque : ça va 3 fois plus vite en Mercedes qu'en ZIL ou KAMAZ, c'est de la balle). Nous pensions randonner vers Artush, après Ayni sur la route pour l'Ouzbekistan, mais le timing est trop juste. Nous nous rabattons sur le gros lac assez touristique, IskanderKul, où nous nous posons 2 jours au soleil, le top. Nous sommes tous seuls, sauf que pour un truc facile d'accès, cela aurait été cool de rencontrer des gonzesses. 2 étaient apparemment ici la veille de notre arrivée et nous croisons un taxi avec 3 ou 4 meufs dedans quand nous quittons la place !

Dushanbe, vive l'avenue Rudaki. Il nous reste 2 jours pépère ou nous squattons entre la villa des militaires et la guest house d'Acted, ONG sur place. Grosse dernière soirée le mercredi 13 juin ou on se marre vraiment bien. Nous sommes avec des potes : guitare, pétards, vodka, ah que cela fait du bien de se la donner un peu ! 5H du mat, fsio Axel, je rentre brocouille de l'aéroport...

Yes mec, c'était énorme ce bout de voyage à 2 ! Faut que je passe à autre chose maintenant, retour vers le Kirghizstan, pas de démotivation. Mon copain est parti, je suis tout seul comme un con sur un banc le jeudi matin, ça farte pas fort Morisse ? Allez debout, t'as quel age là ? Ton sac sur le dos, trompette à la bouche, et un deux trois et un deux trois !

Bon, Dushanbe ma bien aimée... Je suis quand même bien ici, et quelques super bons potes sur la fin avec qui ça le fait carrément. Et puis, je suis en manque de fiestas, de fendages de gueule avec des gens de la même culture. Bref, je reste encore 4 nuits !

Par ailleurs, la prochaine étape est la route vers le Kirghizstan, mais à voir par quelle frontière. J'aurai l'info pour celle que je voulais prendre, soit celle de la vallée de Garm où se trouve ensuite Dzhirgatal. Et le coup est trop incertain pour un étranger, je ne suis pas sur que je pourrais entrer au Kirghizstan par là, et surtout que dans ce cas je n'aurai plus le temps de revenir en arrière pour cause de fin de mon visa tadjik. Bref, décision de partir au nord, par Khudzhand.

Départ de Dushanbe, le compte à rebours est lancé et il me reste 6 jours pour quitter le pays. Je trace, encore à moitie défoncé de toutes les dernières soirées. Fsio la capitale, c'étais d'la balle ! Je sors en marchouthka de la ville, et c'est reparti avec les camions.

Route jusqu'a Ayni en KAMAZ, le tunnel d'Anzob est toujours fermé et c'est donc encore un passage par le col à 3300m. Merde alors, j'aurais vraiment voulu le prendre ce tunnel, apparemment un truc de ouf : neuf mais dans un état déplorable, de la flotte partout à l'intérieur, pas une lumière, pas de ventilation (un chauffeur de camion y est d'ailleurs décédé il n'y a pas longtemps). Bref, le truc est donc en stand-by et des équipes iraniennes y travaillent pour améliorer tout ca.

Ayni en pleine nuit et changement de plan : je ne continue pas direct jusqu'à Khudzhand, environ 180kms, et je pars me faire 2 ou 3 jours de montagne dans un super endroit des Monts Fans, dans le coin d'Artush.

Trip Monts Fans : j'arrive la bas en KAMAZ, puis ZIL, et sur le chargement de terre d'un MAZ (genre un 10 tonnes). La piste s'enfonce dans les montagnes, il fait un temps magnifique. Des gens travaillent beaucoup dans les champs, c'est le temps des récoltes. En fin de journée, je suis à l'alplager (camp d'alpinistes, style petit complexe avec des piaules, une cantine et tout), 2400m.

Rapidement, je prends des infos pour les itinéraires, et je trace direct avant la nuit. 2 grosses heures après, j'arrive dans un décor de rêve : une grande cuvette avec quelques lacs magnifiques à 3000m, et au dessus une barre rocheuse, de la neige, de la glace, d'énormes séracs... et le tout monte à 5000m. C'est grandiose, bienvenue dans la cuvette de Kulikalon. Le Chimtarga, 5489m et plus haut sommet des Monts Fans, est juste derrière.

Et la nouvelle : aujourd'hui le 19 juin 2007, je fais 26 ans. AOUH MORISSE !!! En tous cas, cela le fait pas mal d'être ici pour mon anniversaire. Par ailleurs, je ne suis pas tout seul car un groupe de touristes de Terre Aventure campe au niveau du même lac. Hahaha, moment bien sympa, je suis invité à bouffer. Ils sont en trek pour 10 jours et c'est le premier groupe du style que je croise. Nos voyages respectifs sont bien différents mais la rencontre est intéressante.

Bon allez, rapidos, 2 grosses journées de rando dans les environs : un col à 3860m, un autre cirque à 3000m, un sommet à 3950m, une petite arrête rocheuse au dessus des 4000m. Trop du bonheur de marcher, je me la donne comme il faut, paysage grandiose. Quand le soleil se couche, que je me tape 1000 mètres de descente en 20 minutes (je le dis pour me la péter un peu) avec de le bonne musique dub dans les oreilles, l'ambiance est là.

Par ailleurs, rencontre avec des bergers tadjiks. Ces derniers montent ici pour les 3-4 mois d'été avec leurs troupeaux. Calés sur le bord des lacs avec de superbes tentes, les gens sont super gentils, ils t'offrent du lait excellent. Bref, le coin demande au randonneur de rester au moins une bonne semaine . Mais de mon coté, je dois quitter le pays dans 48 heures !

Ok, retour sur Ayni à nouveau, et direct 4 œufs au plat et 4 saucisses au niveau du rond point. Grosse chaleur, un vent chaud, le tout dans l'attente d'un camion pour filer sur Khudzhand. Et puis ça pogne, yes ! Le col à 3400 est fermé en journée (travaux), nous partons donc avec le début de la nuit. Et c'est une course de KAMAZs dans la montée au col, sur une piste plutôt défoncée, au taquet de poussière, 2/3 des phares qui marchent pour le convoi, grosse ambiance !

Il faut voir l'état de la route, à flanc de montagne, beaucoup de caillasses. Ce sont des entreprises chinoises qui travaillent ici : les gars campent au bord de la route, dans le bruit et la poussière et le boulot est hard, respect. En gros, ils bâtissent des murs de consolidation en pierre, gèrent la flotte qui sort de la montagne... et aussi un tunnel est en construction (déjà 500m de creusés, pour peut être 5kms au final).. Mon chauffeur me dit que ces ouvriers ressemblent à des esclaves et que leurs conditions de vie ici sont déplorables.

Bon, route de nuit, et toute de suite après le col, c'est de la piste, en travaux partout. Faut revenir ici dans quelques années : peut être que Dushanbe-Khudzhand, 300-350kms, se fera en quelques heures. En attendant, il faut 15 heures en camion si non-stop et à vide. Nous arrivons a Khudzhand à 2H du mat, le gars me laisse sur le bord de la route et je finis la nuit sur le banc d'un abri bus.

Dernière journée dans le pays : il fait super chaud ici, je profite du grand lac de la région et basta vers Isfara, 100kms et 10kms avant la frontière. Je suis là bas en fin de journée, passage sympa au petit bazar, les gens trop gentils, dernière petite bouffe chachliks (brochettes de viande) et je tope une bagnole pour Batken, premier bled au Kirghizstan.

Aie aie aie, fsio le Tadjikistan (fsio pour dire c'est fini quoi), une larme au fond de moi. Les gars au poste sont super sympas et de l'autre coté je tombe sur un connard de kirghize qui fait son malin torse poil.

Ok, j'aurai passé 3 mois et une semaine au Tadjikistan, pays au cœur de mon voyage. J'ai vraiment kiffé mes moments sur place, de la grosse balle. Je pense que c'est dans ce pays que j'en ai pris le plus plein la vue, question paysages surtout et ambiance générale avec les locaux (palme d'or aux gens du Pamir). Bon après, peut être que je dis cela parce que c'est récent et que j'ai oublié comment j'avais trippé le reste. Bref, en tous cas, je reste marqué par ce pays. Et je n'oublierai pas non plus le ministère des affaires étrangères, le bordel avec les visas, la gestion des papiers pour la bécane...

Pour conclure, Tadjikistan : des routes défoncées, des vallées magnifiques, de l'eau partout, des avalanches l'hiver, de la poussière l'été, des grosses montagnes, des osties de rivières, des gens excellents, sacré belle destination de voyage quoi !