Nous ne resterons pas plus longtemps au CB, sinon le camp n°1 ou camp de base avancé va finir par nous tenter et nous pourrions très bien y aller, même si on ne sait pas où c’est. Il est quasi sûr que c’est interdit de s'y rendre en tant que touriste par contre. Retour dans la vallée avec un petit plan pour la suite : se faire un sommet quand même. Analyse du terrain et banco pour le sommet sur notre gauche, il doit être à 6000m. De même, nous ne savons pas du tout s’il est autorisé de grimper un sommet en solo, mais bon, on ne dit rien à personne et on reste discret.

Cependant, un problème subsiste : il y a la rivière qui descend du glacier à traverser et le coup ne semble pas évident.

Pas mal de courant, de l’eau parfois jusqu’à la taille : je fais des tentatives mais ce sera impossible avec les sacs.

Patcho, on ne va pas laisser passer le sommet parce qu’on n’arrive pas à traverser une rivière non d’une pipe !?

Nous choisissons un endroit assez favorable et le délire commence.


2 bras de rivière de 8m de large dont le 1er qui se traverse presque sans être emporté par le courant. Yohan passe de l’autre coté, et par petits paquets on se balance toutes les affaires par dessus la flotte. Nous devons répéter cette opération 2 fois. Croyez moi, la pression est forte quand on fait voltiger les appareils photos, la camera, les pelloches, les rushs !! Le lancer doit être bon et la réception également. Tout n’arrivera pas au sec bien sur mais on s’en sort au bout de 3 heures. Sur le dernier passage, la camera enveloppée dans ma parka a un défaut de vol et tombe à un mètre du bord, Yohan se jette à l’eau et sauve le tout : la cam' est sèche ! On se prend en même temps une petite averse de grêle, l’eau n’est pas chaude, la nuit va tomber, ya ambiance !!



Nous posons le camp plus loin, sous notre sommet, à 5300m. Puis, ascension parfaite le lendemain, c’est de la marche. Nous trouvons de la neige sur la crête et arrivons au sommet, 6100m. C’est énorme d’être ici, face à l’Everest. Nous laissons un drapeau bricolé avec un morceau de jean sur une structure en métal déjà présente : yes, on l’aura eu notre sommet ! Le moment est grandiose. C’est une première en altitude pour Yohan, de mon coté c’est la 3éme fois que je monte au dessus de 6000m.


Le retour se fait vite, mais galère avec une longue marche au niveau de la rivière. Nous cherchons en fait un passage en aval car il n’y a pas moyen que nous renouvelions l’opération d’hier. Les ouvriers d’un chantier sur la route, de l’autre coté, nous font signe de continuer à descendre. Bien plus tard, les jambes éclatées, nous trouvons un petit pont. Nuit en tente, après cette grosse journée physique, et nous quittons le parc de l’Everest pour de bon, dans un 4*4 à touristes avec un chauffeur pas sympa. Nous rejoignons la route 318 par un autre itinéraire et nous retournons sur Tingri, d’ou nous étions partis il y a 4 jours.




Le sommet Guignard