Kashgar-Yecheng, 250 kms, facile. Nous sommes déposés dans l’animation ouighoure et devenons rapidement un objet d’attraction et de curiosité : la route s’encombre, un attroupement se fait autour de nous, c’est excellent. Le soir, samedi, nous cherchons à faire un peu la fête et voila qu’au fil des rues nous tombons dans une ville chinoise toute neuve : le contraste est impressionnant, une ville en cache deux. Nous campons après l’intersection de la 219

Yecheng-Ali-Lhaze : 2100 kms de route-piste qui traversent le sud du Tibet. La route arrive vite sur les plateaux d’altitude et file ensuite vers l’est, direction Lhassa, où elle retrouve la section Katmandu - Lhassa, 450 kms avant. J’avoue que cela n’est pas forcement clair en tant que lecteur, prenez une carte pour suivre, car pas facile de faire de la géographie avec un clavier.

Je résume la suite en quelques points :

Permis tibétain

On entend souvent dire qu’il faut avoir un permis pour entrer au Tibet, qu’il est interdit d’y voyager autrement qu’avec un groupe de touristes, mais on n’en sait rien en fait. Certains disent que ça fout les boules de payer un permis aux chinois qui ont envahi le Tibet. Bref, notre idée est de voir au fur et à mesure et d’éviter de prendre ce permis. Cela impliquera de prendre des précautions s’il y a des postes de contrôle sur la route. De plus, la frontière avec le Tibet n’est pas très précise à cause d’une zone litigieuse entre la Chine et l’Inde


Les chauffeurs de camion ouighours
Ces gars sont très spéciaux, pas sympas du tout en fait, et je me retiens sur les mots. Le problème est qu’il n’y a quasiment qu'eux sur la route. Nous allons arriver dans la région d’Ali avec ces camions. Les mecs veulent du fric, ils en ont rien à foutre de toi et ne sont pas cools. 500 bornes dans un camion citerne, 28 heures avec 2 cons, l’altitude, la fatigue, les problèmes moteur, ça n’a pas été facile



Présence militaire importante
Il y a des militaires chinois partout partout partout. Les jeunes en service sont souvent sympas, mais cela deviendra très pesant d’en voir tout le temps. Ils bossent sur certaines portions de la route et sont implantés dans des casernes, des camps. Enfin, il y a des petits merdeux aussi : j’ai failli en exploser un de 18 ans, qui voulait dire à des chefs qu’on filmait dans le coin, alors que ce n’était pas un problème. Certains à des postes de contrôle jouent aussi de leur uniforme et sont vraiment des têtes à claques



Paysages magnifiques
L’entrée sur le plateau tibétain, environ 4000m, est grandiose : ciel bleu, pas un nuage, montagnes avec sommets enneiges, grands lacs, troupeaux de yaks… Grosse ambiance. Le soleil tape fort et nous en ferons les frais (visage bien touché), on comprend alors pourquoi tout le monde à son chapeau. Nous rencontrons les premiers tibétains, drapeaux de prière, quelques centaines de kilomètres avant Ali, mais ce n’est que bien plus loin que nous aurons vraiment la sensation d’être au Tibet



Le chantier
Région de Rutok, avant Ali, nous avons été pris en stop par un 4*4 chinois qui nous montre les beaux coins et nous vante « leur Tibet »… cela caricature bien la réalité : les chinois se sont installés au Tibet et pensent être chez eux. Nous traversons des zones de chantier à toute allure, avec les locaux qui bossent dans la poussière. On demande à descendre, les gars du 4*4 ne comprennent pas. Et voila notre premier contact avec la vraie population locale, excellent. Ils ne sont pas tous tibétains mais c’est comme si. Nous passons une nuit sur place et je bosse une matinée avec eux, à la bétonnière.



Contournement d’Ali
C’est ici que nous pensons qu’il peut y avoir un contrôle emmerdant. On se fait déposer quelques kilomètres avant la ville et on fait un gros détour (fin de journée et petite matinée) à travers des dunes et une plaine, pour retrouver la route plus loin. Pas évident de se repérer mais, de nuit, les phares des véhicules au loin nous aide. La mission nous excite bien, c’est de la balle, on se croirait dans un film… hahaha, mais nous sommes dans un film ! Nickel, un énorme tractopelle nous avance ensuite de 70 kms : séquence super ! Nous contournons dans la lignée une barrière sur la route, de nuit. Bon, nous rencontrons un couple de cycliste le lendemain venant du Pakistan (nous sommes comme seuls sinon). Il n’y avait apparemment pas de problème pour rester sur la route. Hahaha, excellent les frangins, mais sait-on jamais, un coup de malchance et patatras.



La misère en stop

Je n’ai jamais autant galéré en stop de toute mon existence que sur cette ostie de route 219. Il s’en passe des heures et des heures à attendre, on a le temps de filmer au moins. Après les camions ouighours qui ne vont pas au delà d’Ali, et bien il n’y a plus grand monde et les quelques véhicules, camions ou 4*4 chinois, ne s’arrêtent pas trop. Bref, ça avance quand même tant bien que mal, avec des tibétains en tracteur, des ingénieurs chinois qui contrôlent les travaux de la route. Attention les travaux sur la route, ça bosse partout et les gens vivent en tente sur place.



Début de la route 219, par Ali