J'écrivais mon dernier mail depuis un petit bled de Turquie où je m'allongeais ensuite entre les ordinateurs du cyber café pour passer la nuit. Je reste 3 jours dans un autre village avec des jeunes profs qui vivent ensemble et je continue ma route pour sortir du pays. Ma dernière nuit, un peu à la rue, je la passe sur la couchette de la cellule d'un commissariat de police, mais avec la porte ouverte, les policiers sont mes potes.


Un peu les boules des fois : je rencontre des gens biens, qui sont plutôt admiratifs du fait que je sois arrivé en stop jusque dans leur village. Mais à plusieurs reprises, les gars ne captent pas qu'il faut qu'ils m'invitent chez eux pour dormir, pourtant je leur dis bien que je cherche un coin, mais rien quoi. Au final, en Turquie, je n'ai pas souvent été hébergé comme ça, c'est à dire en étant sur le bord de la route.


J'entre en Géorgie dans la nuit du 18 au 19 décembre, avec une famille turque dans une petite camionnette. Gros contraste, changement de pays significatif, la route est complètement défoncée, il n'y a pas une indication. Je me fais déposer au 1er village pour essayer de passer la nuit, il pèle assez, super ambiance. Des vieux aux dents en or m'hébergent dans une maison plutôt rustique. Nous sommes dans la région d'Akhaltsikhe.

Première vraie journée géorgienne, un camion me prend en stop puis, à l'entrée d'un village, un jeune sur le côté me fait signe. Je rencontre alors Gevo. Il sort un peu de charcuterie et des asperges d'un sac plastique. Il ramasse aussi une bouteille plastique par terre pour y découper un verre, et on commence à picoler de l'eau de vie, ce n'est même pas midi. 3 potes arrivent, un a des pinces à la place de ses bras, un accident avec de la dynamite. Je dors dans la famille de Gevo le soir, après un bon repas local, soupe, viande, chou.



Deuxième journée, je fais route vers Tbilissi, la capitale du pays. Paysage de montagne au début, la route serpente le long d'une rivière, puis nous rejoignons la grande vallée qui s'étend de la mer Noire à la mer Caspienne, au niveau de Khashuri. J'entre dans la capitale avec 2 Lada Niva, la petite jeep russe, de l'écopolice (police pour l'environnement). Celle dans laquelle j'étais a en fait laissé une partie de son embrayage par terre. Tbilissi compte 1,3 millions d'habitants, soit un tiers de la population géorgienne.

Fin de journée, assis dans les bureaux de l'écopolice, une secrétaire entre, tabarnak la meuf : super grande, en robe moulante, aie aie aie, je n'étais plus habitué à cela. Et par la suite, je découvre Tbilissi, avec ses jolies filles.



Bon, j'ai le contact d'une personne au CCF, Centre Culturel Français, où je me pointe le soir, après avoir espéré que la secrétaire m'invite chez elle, mais non. Et voilà, je rencontre des français qui bossent sur place, je suis embarqué dans une coloc, magnifique et super merci à vous, Mylene, Vincent, Nadège et Thomas. La soirée s'enchaîne avec un repas dans une bonne taverne locale, ça chante et ça porte des toasts et ça picole, bienvenue en Géorgie.


Je ne pensais être que de passage, seulement prendre mon visa pour l'Azerbaïdjan ici et tracer ensuite. Mais voilà, il va se trouver que je vais rester quasi 2 semaines dans le coin. Bons potes, je me pose un peu, et à 2 reprises je me fais des petits trips vers le nord du pays, en direction de Kazbegi, juste avant la frontière russe.


Premier trip, 3 jours :

Le 22 décembre au soir, étant en stop, je débarque dans une famille, super accueillante, à 30 kms de Tbilissi. Il est prévu que j'y revienne le 24 au soir, pour célébrer un petit Noël, même si pour eux le Noël orthodoxe est le 7 janvier. Je m'engage à revenir avec un sapin…

En continuant vers Kazbegi, la route s'enfonce dans une vallée, la neige est présente, je traverse plusieurs petits villages, c'est excellent. Malheureusement, sur mon chemin, je découvre la station de ski de Gudauri, et qui de plus fait son ouverture ce week-end. C'est une des 2 stations de Géorgie, mais il n'y a encore personne. Je me fais rapidement pote avec les gens du coin et voilà que je peux skier les mains dans les poches.

Magnifique, ouverture de la saison dans le Caucase, en jean et collant, vieux skis, bâtons tordus et sans rondelles. Il manque pas mal de neige également ici, mais bon, en allant la chercher à pied à 3000m, c'est magique. Je suis tout seul en fin de journée, au dessus des nuages, 50 cm de poudre sous mes yeux, le moment est énorme, je jouis, hahaha.


Hébergé chez un montagnard le soir, -15°C la nuit, super journée le lendemain. Puis, je redescends dans la vallée. Je m'arrête en route, vais emprunter une hache dans un petit hameau de maisons, et bam, me revoilà à faire du stop avec mon sapin de Noël,

la nuit est proche. Je regagne la famille de Badri 2 heures plus tard, et jolie petite soirée. Eka, sa jeune femme, parle français, probablement la seule du village de Misaktsieli.


Deuxième trip, 4 jours :

Je bouge à nouveau de Tbilissi, et ce coup-ci, en poussant pour de bon jusqu'à Kazbegi. Après une nuit dans un chalet en chantier, à Gudauri, je gagne enfin le fameux village, au pied du Mont Kazbeg, 5033m. Le coin est magnifique, il fait super beau, pas un touriste. Et voilà Zoé et Paul qui arrivent, des potes, on avait rendez-vous.

2 jours ensemble, on dort dans une maison le soir, et le lendemain, route à pied jusqu'à la frontière russe, fermée depuis plusieurs mois. Je me serais bien aussi incrusté avec le groupe d'alpinistes qui partaient pour se faire le gros sommet, en 4 ou 5 jours, grave envie mais ainsi va la vie.


Après avoir mangé du bouquetin local avec les gardes frontière, nous passons la nuit dans une baraque en bois, avec Mirian, un jeune qui bosse ici pour la construction d'un futur monastère, sacré ambiance. Au dessus de nous, dans la falaise, des grottes servaient aux locaux pour se défendre des russes qui traversaient le Caucase. Par ailleurs, pour faire de la géographie, la Tchétchénie est à quelques kilomètres à vol d'oiseau, de l'autre côté des montagnes.


7h du matin, je me barre tout seul à pied, dans les gorges, pour revenir sur Kazbegi, 10kms, et vite trouver un véhicule pour allez faire une dernière journée de ski à Gudauri. Il fait nuit, c'est gavé d'étoiles, la rivière est en contrebas, je me lance sur la route enneigée et bien encaissée dans les gorges, le moment est assez débile. Mirian m'a filé un bâton, au cas où des loups m'attaquent, super.

Ok, je fais des traces toute la journée, ski comme je l'aime, rien à dire. Retour en stop à Tbilissi dans la nuit, la route est bien gelée. Pour la suite, nouvel an en ville, dans la famille de Natia. Le nouvel an se fait plutôt en famille, assez traditionnel.


Le 2 janvier, je quitte la région. Achat d'un manteau au passage, en commençant à imaginer la traversée du Kazakhstan, et direction l'Azerbaïdjan pour l'instant, en prenant une route au nord du pays. Sagarejo, Sighnahi et Lagodekhi sont des gros bourgs que je traverse. Nous sommes en période de fêtes, les routes sont plutôt calmes, le stop marche tout de même bien. Je passe ma dernière nuit géorgienne chez une vielle dame, mais sans conclure, petit joueur Morisse.




Géorgie