Arrivée en terre musulmane

du 27 septembre au 28 octobre

Salamoualekum, voila un énorme bonjour de Turquie.

Bon, je suis un peu à la bourre pour les nouvelles, un mois écoulé, mais il est encore temps. J'etais en Macédoine à la fin du mois de septembre, je suis à Bursa aujourd'hui, Ouest de la Turquie.

Sortie Macédoine, Bulgarie, Roumanie, bienvenue en Turquie... je reprends ces 31 derniers jours. (Le mail est long et allez... Ok pour qu'il soit lu en travers si pas le temps)

De BITOLA à VARNA (Sud-Ouest Macédoine à Est Bulgarie)
Jeudi 28 septembre, il pleut quand je quitte la ville de Bitola.

C'est un peu la misère, surtout que la journée a commencé par une entrevue avec un policier : Ok, j'avais planté la tente en plein centre ville.

Arrivée à Prilep en fin de matinée, un petit 50 kilomètres, et je me pose à un café. Je passe la journée ici avec des gars du coin. Ces personnes sont en manque de travail (parce qu'il n'y en a pas) et s'ennuient ici, mais pas vraiment de solutions ne s'offrent à eux.

Bon, mon but est de gagner la Bulgarie mais on dirait que je prends le temps pour y arriver. Je détaille une journée pour exemple, vendredi 29 septembre :

Passe la nuit dans un petit parc tranquille, à Prilep. Au matin, je discute avec les personnes qui sont en train d'installer leurs stands de babioles. Puis, à pied, je gagne la route principale. Mais en chemin je découvre les champs de tabac et les locaux qui ramassent les feuilles pour les faire sécher. Un vieux me dit qu'il gagne un ou deux dollars par jour et que le kilo de tabac est vendu 40 ou 50 dollars en France ou en Allemagne.



















































































































































































Le long de la route, rencontre avec un père et sa fille. Cette dernière va vite chercher son frère qui parle anglais. J'ai droit à une petite visite de leur jardin et je repars charge de tomates et de peperkas (genre de poivrons). 200m plus loin, je goûte à des peperkas grilles.
Remarque : les gens ne sont pas très riches mais tout le monde mange. On trouve des jardins pour quasiment toutes les maisons. Les légumes poussent bien et les provisions sont faites pour l'hiver.
En suivant, je traque des vendeurs ambulants qui s'enfoncent dans les rues d'un quartier de la ville. Ils poussent des chariots et gueulent : " Plastique ! Bassines ! Brosses pour laver et brosses pour toiles d'araignées ! Papier toilette !!! " en langue locale bien sur, ce qui sonne beaucoup mieux. J'aurai en fait la traduction le soir (Morisse et son petit enregistreur dans son sac...)
Midi, je me mets vraiment au stop. 2 voitures, une sieste et un camion me font arriver sur les autoroutes de Skopje, la capitale, en fin de journée.

Petite note : j'ai fait escale à un peage connu, datant de mon premier passage vers la Grece. Et c'est different. La premiere fois, je suis mordu par un chien, les gens ne sont pas trop aimables, l'ambiance est moyenne.. Aujourd'hui, je me sens comme à la maison : adaptation de la personne dans le pays, interessant !

Retour au stop : la nuit arrive et je suis en train de faire le guignol sur un plot en beton pour mettre les gens en confiance. Je n'ai pas envie de passer le nuit dans le coin et il faut vite que je sorte de ce bord d'autoroute. OK, ca finit par pogner et voila que j'arrive à Kumanovo (Nord du pays).

La nuit est tombee. Accoste par un chauffeur de taxi, je lui demande s'il sait ou je pourrais dormir. Le contact passe bien et Ljubisha m'embarque vers chez lui. Me voila dans sa famille, c'est enorme. J'y passe une bonne partie de la soiree puis pars camper un peu plus loin car il n'y a pas asez de place dans la maison. RDV demain matin pour le cafe.

Dimanche 1er octobre au soir : Sofia, enfin en Bulgarie. Je suis à pied dans le centre ville et je trippe pas mal sur le coup : l'air est frais, l'ambiance est calme, les trams se croisent dans la large rue pavée, les marronniers laissent tomber leurs feuilles et le soleil qui se couche fait ressortir les montagnes dans le fond. Il ne manque plus que les flocons de neige.

Le décor est différent plus à l'extérieur : de grosses banlieues avec des immeubles poses un peu partout. Ce sont les 'blocs' datant du communisme qui ressemblent à des legos géants, tous pareils.

Le gros Sofia compte pas loin de 2 millions d'habitants, pour 8 millions de personnes dans tout le pays.

Info : je passe la nuit chez un gars que j'avais contacte par Internet, avec un site d'hébergement qui marche pas mal. Bref, j'avoue que cela est bien pratique mais je ne kiffe pas le truc plus que ça, en tous cas pas pour mon style de voyage. C'était un essai.

La suite, c'est une belle grosse journée de stop pour traverser le pays, de Sofia à Varna, pas loin de 500 bornes. Je découvre les campagnes sur la route, les tsiganes sur leurs charrettes et des roulottes posées dans les champs. Je retrouve Emilie, amie du Québec. Nous sommes hébergés chez une pote qui bosse là bas.

2 semaines en binôme (BULGARIE-ROUMANIE)

Quelques journées de stop pour rejoindre les Rodopes, chaîne de montagnes au sud du pays. Le soleil est avec nous au début (cela s'appellerait l'été des gitans...) puis la pluie arrive comme il faut.

20 heures sous la tente au village de Dospat puis nous continuons la route entre 2 averses. Le dimanche 8 octobre au soir, nous sommes hébergés dans une famille au petit village de Barutin, à quelques kilomètres de la Grèce par les montagnes. Nous y restons 2 nuits.

Nous sommes super bien accueillis, beaucoup nourris et nous dormons au chaud. Ce n'est pas une place ou les locaux sont habitués à voir des étrangers. Et c'est peut être pour cela, avec la Grèce à côté, qu'un policier nous attrape de nuit dans le village... "problem, problem" comme si nous n'étions pas en règle.

Barutin, village très typique de la campagne bulgare. Les gens se préparent pour l'hiver. C'est un climat continental et on sent le froid qui arrive, super ambiance avec les couleurs d'automne. C'est impressionnant de voir la vieille dame couper son bois à la hache ou encore tous ceux qui travaillent de nuit pour l'entreprise de champignons.

3 jours de rando dans le massif du Piren. Le sommet Vihren, 2914m, est atteint, après être sortis de la brume. Dans la vallée, la petite ville de Bansko est touristique et c'est fou de voir tout ce qui se construit... ce n'est pas très beau, hormis les échafaudages en bois qui valent le coup d'œil. Le bois est une ressource importante dans le pays et surtout une chose vitale.

Remontée sur Sofia en stop puis train de nuit pour se rendre en Roumanie. Escale d'une matinée à Bucarest sous des trombes d'eau et nous gagnons Sighisoara, dans le 'croissant' des Carpates. Dracula crécherait plus dans le sud, donc pas de soucis à ce niveau la.

Petit village de Biertan, lundi 16 octobre, excellent. Nous y arrivons en fin de journée, des gamins nous accompagnent... enfin, nous ne savons pas si ce sont eux qui nous suivent ou nous qui les suivons... mais le chemin se fait et nous cherchons un coin pour dormir, une grange ou une famille. Ok, nous voila chez une maman et tous les gosses.

Ambiance assez gitane (la maman l'est effectivement à moitié). 2 pièces pour toute la famille, une place pour le feu, un coffre avec toutes les fringues, des meubles de recup', un poste de musique bricole, une bonne tambouille et tout le monde sous les couettes.

Températures négatives la nuit et bien froid le matin pour accompagner 2 des enfants à l'école (les autres n'y vont pas forcement). Nous restons dans le village une bonne partie de la journée. Mon sac sera visite par certains de la famille pendant que nous sommes à l'extérieur. Oui, c'est comme ça, ils n'ont pas la même notion que nous du matériel. Je m'apercevrai plus tard qu'il me manque des bricoles, sans plus. Ca reste que le contact a été super.

Petite histoire : les tsiganes sont originaires d'Inde et sont arrives en Europe autour du XIII siècle, voir avant (en Iran et en Grèce tout d'abord). Certains ont été les esclaves de Mongols qui venaient conquérir l'Ouest. En gros c'est ca. Ces 'gens du voyage' auront différentes appellations au fil des années : tsiganes, gitans, gipsies, roms, manouches, bohémiens.

La Roumanie compterait environ 2 millions de tsiganes pour 15 millions d'habitants (voir 20 millions avec les exilés à l'étranger).
Retour sur Sighisoara : Pris en stop par un tracteur au pays des charrettes, à travers la campagne vallonnée et parsemée de maisons aux vieilles tuiles. Emilie rentre en bus le mercredi 18 octobre.

Morisse des Carpates au Delta
A nouveau seul, ma route continue, direction le delta du Danube. Je traverse la chaîne des Carpates au niveau de Toplitza et de Bicaz, la région est magnifique. Tellement beau que je prends du temps pour faire de la route à pied, mais surtout après qu'un gars m'ait invité chez lui pour une omelette et chargé d'une petite bouteille de rakia (eau de vie locale).

Je suis en extase sur les campagnes que je traverse. C'est le temps des récoltes, alors je croise un paquet de charrettes chargées de pieds de mais. Et pas l'ombre d'une moissonneuse batteuse (j'en verrai finalement à l'est du pays), donc les champs se font à la main. Puis, c'est devant les maisons que les épis sont triés et c'est direct dans la grange. Dehors, des tas de foin sèchent sur des armatures en bois, après que l'herbe ait été coupée à la faux. C'est pas mal, la vie des petites fermes et des champs!

Apres quelques jours, j'approche du delta du Danube, l'univers des poissons et des oiseaux. Passage d'une rivière avec un bac ou un bonhomme joue de l'accordéon pour accompagner un mariage, super. Une heure avant, des gamins au niveau d'une voie ferrée me balançaient des pierres... des choses qui arrivent. C'est cependant loin d'être caractéristique du pays. Le petit 'comble' est que je m'apprêtais juste à prendre une photo d'une grande affiche "Romania in Europe".

Politique : en 2007, la Bulgarie et la Roumanie entrent dans l'Union européenne. Bien pour ces pays en général mais pour ceux qui vivent de 'débrouille', cela va être dur... notamment si des normes d'hygiène, de propreté ou autres entrent en vigueur.

Europe de l'Est : le 'trou' balkanique va empirer : Ok pour la Grèce qui ne sera plus isolée du reste de l'Union mais pour Croatie-Bosnie-Serbie-Montenegro-Albanie-Macedoine ces pays ne pourront plus que rêver à leur intégration dans l'Europe. Cela est un peu leur seul avenir possible... mais il faut d'abord qu'ils tendent à la stabilité au niveau des peuples.

(oulalallalala Morisse.. faut faire gaffe à ne pas trop s'embarquer dans des explications, je ne vais pas faire long feu sinon... ça restera alors succinct, ok ok...)

Auto-stop un peu galère dans les petites routes du delta mais au moins je me fais les jambes. Je dors à Vama Veche, frontière avec la Bulgarie, le lundi 23 octobre. Et y'en a marre de ces chiens errants qui n'arrêtent pas d'aboyer pour montrer qu'ils existent. Ils ne sont pas méchants mais c'est parfois relou. Bref, sinon je suis seul sur la plage (alors que c'est gave en période estivale).

Pour finir avec la Roumanie, je résume mes nuits :

  • dans la famille aux origines gitanes, au chaud et sûrement avec quelques puces, Biertan
  • en tente, sur un terre-plein au centre de Sighisoara, pour ne pas rater le bus d' Emilie tôt le matin (il caille), Sighisoara
  • dans une église avec une toute une équipe de travaux publics qui est installée ici pour un gros chantier, Reghin
  • avec une vielle dame dans la traversée des Carpates, petit village le long de la route, Grinties
  • en tente, sur un terrain constructible d'un village, sortie de Bacau
  • chez 2 frangins, en banlieue residentielle-industrielle, Tulcea
  • en tente, dans la cour d'une maison, le gars m'a repêché de nuit avec son scooter, mini village du delta du Danube, Sarinasuf
  • en tente sur la plage, Vama Veche


Route vers ISTANBUL

Je quitte la Roumanie le mardi 24 octobre au matin. Je suis à la bourre dans mes plans, pour être en Turquie à la fin du Ramadan, tant pis. La route est plus longue que prévue.

Traversée en une journée de la Bulgarie, juste le temps pour moi de me rappeler que pour dire "OUI", ils balancent la tête comme quand nous disons "NON" en France. Et des fois ça tourne dans tous les sens, c'est assez chelou.
Je galère mais finis ma journée de nuit. Et c'est cool d'avoir une chemise blanche dans le sac pour être mieux vu sur le bord de la route.

Je passe la frontière bulgaro-turque à Malko Tarnovo. C'est en forêt - montagne, sous les étoiles puis dans la brume. Je me fais les 10 derniers kilomètres à pied, grosse ambiance !! Je campe à 5 mètres du poste turque, il est bien 1H du mat'.

Mercredi dernier, j'arrive à Istanbul avec un camion moldave, je suis lâché dans le centre, c'est énorme. Fini les pays orthodoxes, voir catholiques, me voila en terre musulmane.
La ville est immense, il y à vraiment du monde... mais je m'en sors, même au milieu de cette 3éme et dernière journée de Bayram (fête de fin de Ramadan). Je ne sais pas combien de minarets et de mosquées se trouvent ici , mais c'est assez fou. Bref, ça le fait carrément d'être la.
Un petit coup de bateau, le soleil qui se couche derrière la ville et qui laisse une image incroyable du 'toit' d'Istanbul, puis je passe la nuit un peu à l'arrache dans les environs.
La suite, c'est une journée de galère en stop (vraiment le bordel) pour rejoindre Bursa, au sud d'Istanbul, de l'autre coté de la mer de Marmara.

Je retrouve Guillaume, un pote de l'école, avec qui je suis depuis 2 jours. Je me pose un peu. Le plan à suivre, c'est RDV dans une semaine dans un petit village en Capadoce (plutôt vers le centre du pays), avec Anne-Laure et William, 2 amis du Québec. A voir la route que je vais prendre pour m'y rendre.

Merci de m'avoir déjà suivi jusqu'ici. Je vous dis à bientôt et m'engage, j'espère, à envoyer des nouvelles plus régulièrement, car un mois d'un coup, ça fait de la longueur.

Grosses bises, Adrien !!!

... sans oublier la rubrique pratique à Morisse...


CARNET PRATIQUE

Toilette : Rester propre est important mais ce n'est pas toujours évident de se laver sur les bords des routes. Je profite bien sur des salles de bain des gens qui m'accueillent ou des points d'eau que je trouve (rivière, lac, mer, fontaine... et il n'y a pas 'd'avoir froid' qui tienne). Mais au minimum, une petite toilette à la bouteille d'eau le soir est déjà une bonne chose. Pour les fringues, même combat, il faut des fois se poser et laver sa garde robe. Sinon, laver ses chaussettes au fur et à mesure et ça sèche sur le sac.

Langues : J'ai toujours (enfin ça dépend) rencontré des gens qui parlaient un peu d'anglais ou de français (allemand et espagnol aussi.. et italien, mais là, je suis une bille) et c'est l'occasion de demander quelques mots sur le pays. Mais de faire son chemin au milieu des locaux, il y a des mots qui se répètent et qui finissent par rentrer. Sinon, merci au langage des signes. Et puis, une fois que je sais dire "bonjour, merci, pain, viande, fromage, pas de problème" c'est dans la poche.

Faire du stop : je porterai la conclusion suivante : il n'y a aucun problème pour bouger en stop en Europe de l'Est. Même si une ou deux fois, je suis tombé avec des gens qui m'ont demandé de l'argent. Sinon, suivant les cas, il peut être bon de vite faire comprendre au chauffeur que tu es en auto-stop et d'expliquer que tu n'as de monnaie, que pour manger.

Camping : Dormir en tente en ville peut se faire. Après, il ne faut pas que l'endroit soit trop craignos, à voir sur le coup. C'est peut être mieux de garder un œil ouvert. Puis, il arrive que la police vienne voir, mais cela peut être rassurant, du moment qu'elle ne demande pas de plier le camp. Mais plus grave dans les parcs... ce sont les arroseurs automatiques !! de l'herbe bien verte... ce n'est pas forcement bon signe.

Dépenses : toujours pas de logements, ni de transports (oups.. quelques trains pour question 'timing' en Bulgarie-Roumanie et des bus de ville, acceptés). Bref, sans compter les 2 semaines de vacances en Grèce, j'ai une moyenne de 5 euros par jour et je suis toujours en pleine santé.

Chaussures : le temps des claquettes est révolu et je suis triste d'abandonner les miennes. Bon, elles ont faire leur chemin aussi et déclarent forfait. Un sursis d'un bon mois avait été accordé grâce à un morceau de durite et un coup d'araldite, mais là, je ne peux plus rien faire.

The flash ENGLISH VERSION

Well, one month ago I was in south of Macedonia. I took good time and then I hitchhiked to Bulgaria. I arrived in Sofia the first of October. I went to Varna, east of the country, to meet a friend of mine. We spent two weeks together, from the mountains in south Bulgaria to center of Romania. Sleeping in local family is so exciting.

One week ago, I was in the 'delta of Danube' and hitchhiking was difficult, but OK. I took the road to Istanbul where I arrived three days ago. Now, I am in Bursa, south of the Marmara sea.

For the next, I have a meeting with friends in the center of Turkey. See you soon. Adrien !





Arrivée en terre musulmane